Par : Claudine Auger
L’interprofessionnalisme en trame de fond

Natif de l’Ontario, John Joanisse a fréquenté les écoles francophones même si à la maison, on parlait l’anglais. « Ma mère était irlandaise et mon père, francophone ayant grandi aux États-Unis. Mais mes parents étaient visionnaires : ils comprenaient l’importance de parler le français. On dirait que je suis franco-ontarien, n’est-ce pas », lance candidement John Joanisse en riant. Ça s’entend ! Et l’omnipraticien, dont la curiosité – qui ratisse large, l’aura mené à constamment développer de nouvelles voies de carrière, aura évolué dans les deux langues, quelques années dans l’Ouest canadien, à une autre époque pratiquant à Kapuskasing, en Ontario, « en français, dans un milieu anti-francophone… », avant de prendre racine à l’Hôpital Montfort.
Sensible aux défis portés par les milieux minoritaires, conscients de l’importance d’une formation médicale en français, Dr Joanisse est membre du BAF depuis la création de l’organisme. « J’étais dans les parages », explique-t-il avec humour en évoquant cette période sombre de « la crise de Montfort ». Aux côtés des Jean Roy et Jeanne Drouin, il a apporté un support en ouvrant certaines portes. « À l’époque, j’étais VP aux affaires académiques à Montfort et j’ai eu quelques échanges mémorables avec le doyen », raconte John Joanisse, intarissable lorsqu’il évoque ces combats qui forgent l’histoire.
Entre l’obstétrique et les soins d’urgence de ses débuts de carrière, et la gériatrie, l’orthogériatrie et la réadaptation, ses actuels champs d’intérêt, une conviction s’impose en fil conducteur du parcours de cet homme curieux et engagé : la richesse de l’interdisciplinarité. Très tôt dans sa carrière, à une époque où ce n’était pas du tout courant, Dr Joanisse s’est allié le soutien des infirmières praticiennes. « J’avais cette vision de l’interdisciplinarité : travailler ensemble comme professionnels de la santé pour former des super équipes, encourager la venue d’infirmières praticiennes, aplanir cette pyramide où le médecin est au sommet. Et le BAF, qui a toujours été mené par des visionnaires engagés, a supporté cette idée », souligne John Joanisse, avec une pointe de fierté pour ce combat de longue haleine. Encore aujourd’hui, alors qu’il concentre ses activités à la Résidence Saint-Louis, dont il est le directeur médical, il adore ce milieu partagé avec des infirmières en gériatrie.
C’est à cette pratique, gériatrie, orthogériatrie et réadaptation, que le Dr Joanisse se consacre désormais. « Les personnes âgées représentent un défi particulier devant une fracture, avec leur bagage médical et social souvent plus complexe. Ça prend une équipe multidisciplinaire ! Et en contexte de population vieillissante, il faut intéresser la relève qui ne bénéficie pas d’un mois de gériatrie comme généralement, dans les parcours des autres facultés. Avec le BAF, nous tentons d’y remédier, je crois qu’il faut remplir le vide », conclut John Joanisse, déterminé à soutenir cette cause-là aussi.