
Dre Parisa Rezaiefar (à droite) avec Dr Doug Archibald
La Dre Parisa Rezaiefar du DMF, professeure-clinicienne au sein de l’équipe de santé familiale universitaire Bruyère, est la récipiendaire 2019 de la bourse d’études W. Dale Dauphinee du Conseil médical du Canada, qui aide les enseignants en éducation médicale à accroître leurs connaissances et leurs compétences dans le domaine de l’évaluation des médecins. Apprenez-en davantage sur son cheminement et les projets qu’elle compte mener avec la bourse, ainsi que sur les conseils qu’elle donne à nos professeurs et résidents.
Que comptez-vous faire avec cette bourse? Quels projets vous permettra-t-elle de réaliser?
Je remercie le Conseil médical du Canada (CMC) de m’avoir accordé cette bourse, et le Dr Dale Dauphinee lui-même. Il a contribué à l’éducation médicale dans notre pays grâce à son leadership en introduisant des concepts modernes d’évaluation. La bourse d’études W. Dale Dauphinee vise à aider les enseignants en médecine à améliorer leurs compétences en évaluation médicale. C’est quelque chose de très important pour moi, car je crois que les Canadiens méritent d’avoir accès à des médecins compétents et, en tant qu’éducateurs, le public nous fait confiance pour que ce soit le cas.
Notre département est devenu un programme axé sur les compétences sous la direction des Drs Alison Eyre, Gary Viner et Eric Wooltorton en 2014. Cet avancement a contribué et continuera de contribuer à promouvoir les compétences de nos diplômés. Nous ne devons toutefois pas oublier les médecins de famille praticiens, en particulier les membres du corps professoral. Ils méritent d’être soutenus dans l’apprentissage de nouvelles compétences, d’assurer le maintien de leurs compétences et de disposer d’outils pour transférer leur compétence à nos apprenants. C’est ce qu’a fait le Dr Wooltorton à titre de directeur du perfectionnement du corps professoral, et je suis très heureuse de contribuer à ma façon à la réalisation de ce mandat.
Mon domaine d’intérêt est d’explorer des façons « efficaces » d’enseigner les habiletés procédurales en santé des femmes en utilisant la technologie et la simulation. J’ai obtenu une bourse avec le Département d’innovation en éducation médicale de l’Université d’Ottawa. Mon objectif cette année est de créer un programme de développement professionnel continu axé sur les compétences qui comprend des composantes d’enseignement en ligne et des ateliers fondés sur la simulation pour enseigner les médecins de famille en habiletés procédurales en santé des femmes au bureau. La bourse d’études W. Dale Dauphinee m’aidera à concevoir des outils pour l’évaluation des compétences des médecins, et à évaluer les changements dans la pratique des médecins ainsi que leur impact sur la qualité des soins.
En quoi votre travail en tant que récipiendaire de la bourse W. Dale Dauphinee peut-il bénéficier à l’éducation médicale à l’Université d’Ottawa et ailleurs?
Premièrement, j’espère qu’en aidant un plus grand nombre de médecins de famille à pratiquer et à enseigner les procédures de la santé des femmes, nous améliorerons l’accès des patients aux soins. C’est toujours ce qui me motive, et c’est bien défini par le concept de Triple C (Compétence dans les soins, Communautaire, et Continuité des soins et de l’éducation).
Deuxièmement, l’enseignement d’habiletés procédurales à près de 70 résidents par année dans le cadre de programmes de médecine familiale qui sont dispersés géographiquement et qui comptent de nombreux professeurs (près de 640 à l’Université d’Ottawa, par exemple) exige beaucoup de ressources et n’est pas rentable.
Enfin, les médecins de famille sont les mieux placés pour diriger la formation de nos étudiants de niveau postdoctoral et encadrer les étudiants en médecine afin qu’ils poursuivent une carrière en médecine familiale.
J’espère que mon programme relèvera certains de nos défis en appuyant les professeurs de médecine familiale par des méthodes d’enseignement novatrices, et en améliorant la qualité de l’enseignement pour notre département et les futurs médecins.
Qu’est-ce qui (ou qui) vous a amenée à postuler pour cette bourse?
J’ai eu beaucoup de chance d’avoir des mentors formels et informels qui m’ont soutenue dans mes efforts universitaires. Je dois remercier la Dre Lisa Calder, ma mentore « formelle », qui m’a informée de cette bourse. Cette bourse n’est pas très bien connue des médecins de famille. En fait, au cours des 11 dernières années, seulement deux médecins de famille ont reçu ce prix au pays.
Je remercie la Dre Simone Dahrouge, la Dre Sharon Johnston et le Dr Doug Archibald, mes mentors « informels », de m’avoir encouragée à croire en moi et à poser ma candidature à ces prestigieuses bourses pour mon année sabbatique.
Quelles expériences passées en tant que médecin, enseignante ou chercheuse vous ont incitée à saisir cette occasion?
Honnêtement, mon expérience au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest a fait de moi une « meilleure » médecin. Une patiente du Nord, mère de cinq enfants, qui ne voulait pas quitter sa communauté pour aller voir un gynécologue à Iqaluit, m’a encouragée à apprendre certaines interventions que je n’avais jamais apprises dans le cadre de ma résidence. Il y avait d’incroyables infirmières qui me soutenaient en disant : « Il y a une tempête, et aucun vol n’arrivera pour transférer cette patiente. Tu dois le faire, sinon elle va mourir! » En tant que professeure-clinicienne, j’espère soutenir mes résidents afin qu’ils ne partagent pas certaines de mes expériences les plus éprouvantes. Plus important encore, j’ai appris que les soins aux patients ne devraient pas être limités en raison de l’emplacement géographique. Ainsi, ma pensée est la suivante : « de meilleurs médecins de famille entraînent de meilleures expériences personnelles pour le patient et, en fin de compte, moins de coûts pour la société ».
Comment l’Université d’Ottawa ou le Département de médecine familiale vous ont-ils soutenu en tant que chercheuse?
Ma clinique « d’accueil », l’équipe de santé familiale universitaire Bruyère, est une formidable communauté de collègues de soutien qui m’inspire quotidiennement à devenir une meilleure médecin, une meilleure enseignante et une meilleure chercheuse. Je prends un café avec des gens comme la Dre Elizabeth Muggah, une leader en amélioration de la qualité, qui dépose à l’occasion des articles sur mon bureau avec une note disant « J’ai pensé à TOI en lisant ceci ». Je peux envoyer un texto à Claire Kendall et à Sharon Johnston, deux chercheuses de renommée internationale, à sept heures un dimanche matin, en comptant sur elles pour réviser une demande. Je crois qu’en recrutant, en appuyant et en reconnaissant les personnes qui rêvent grand et en s’entraidant dans l’exécution de notre mission, le Département m’a soutenue et continuera de le faire, au même titre qu’il le fera pour les générations futures.
Quels conseils donneriez-vous à un résident ou à un professeur qui a une idée d’étude ou d’innovation?
FAITES-LE! Aucun rêve n’est trop grand. Assurez-vous de bien choisir vos partenaires.
Y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager avec nos professeurs et résidents?
Soyez gentils! Soyez gentils avec vous-mêmes, car il n’est pas facile de promouvoir des idées novatrices, surtout en médecine et encore plus dans l’enseignement médical. Il faut beaucoup de courage pour pousser de nouvelles idées. Soyez gentils avec vos collègues, chacun d’entre eux, parce que ce sont eux qui vous aident à offrir de meilleurs soins aux patients et à être un meilleur enseignant – et ils sont tout aussi fatigués et frustrés que vous l’êtes. Enfin et surtout, soyez gentil avec votre famille. « Leur monde » est affecté lorsque vous êtes absent physiquement ou mentalement, parce que vous essayez de rendre « le monde » meilleur.