Par : Dr Gary Viner
Ayant un intérêt et une fascination immenses pour la technologie, j’ai été rapidement engagé dans la mise en œuvre d’Epic à l’Hôpital d’Ottawa. En me familiarisant avec le logiciel, j’ai vite compris qu’il s’agissait de bien plus qu’un système d’enregistrement électronique, car il comportait diverses caractéristiques d’intelligence artificielle intégrées, et je me suis inquiété de son impact potentiel sur le développement du raisonnement clinique.
J’ai ensuite effectué une analyse documentaire. En général, on fait la promotion des dossiers de santé électroniques (DSE) pour améliorer la sécurité des patients et normaliser les approches en matière de soins cliniques. Toutefois, de plus en plus de preuves suggèrent qu’ils présentent à la fois des avantages et des inconvénients. Malgré leur impact connu sur la charge de travail et le bien-être des médecins, l’utilisation des DSE a réduit la charge cognitive et a donc augmenté l’efficacité, mais a facilité les erreurs et créé des obstacles à l’interaction médecin-patient. La nature structurée des DSE peut également avoir des répercussions imprévues sur l’interaction médecin-patient, le raisonnement clinique ou la saisie des données. Les risques et les avantages de l’utilisation des DSE peuvent différer pour les stagiaires et les médecins de famille expérimentés. Les stagiaires sont des novices qui peuvent utiliser des approches de raisonnement clinique différentes de celles des médecins de famille expérimentés.
Nous avons pu compter sur une équipe composée de 10 membres incroyables pour ce projet : le DPI (Dr Glen Geiger) et le vice-président à l’éducation (Dr Jerry Maniate) de l’Hôpital d’Ottawa, des chercheurs en facteurs humains de l’Université de Victoria (Dr André Kushniruk et Dre Helen Monkman) et six membres de notre département (Dr Doug Archibald, Dre Dianne Delva, Dr Kendall Noel, Dr John Brewer, Dr Farhad Motamedi et Dr Sufian Zayed).
Nos questions de recherche proposées sont devenues : L’usage d’un DSE influe-t-elle différemment sur l’acquisition des données ou le raisonnement clinique entre les stagiaires et les médecins expérimentés? De quelle(s) façon(s)? Les stagiaires ont-ils des stratégies différentes de celles des médecins expérimentés pour l’utilisation d’un DSE pendant les rencontres? Leurs stratégies changent-elles avec le temps?
Nous comptons étudier l’impact potentiel de l’utilisation d’un DSE sur l’acquisition de données et le raisonnement clinique à l’aide de rencontres avec des patients simulés (PS). Les stagiaires et les médecins expérimentés évalueront et documenteront deux rencontres avec des PS dans un contexte de médecine familiale à deux moments précis :
- 3 à 6 mois après le déploiement initial du DSE; et
- 6 à 9 mois plus tard.
Les enregistrements audiovisuels des interactions des participants avec les PS et les enregistrements d’écran de leur utilisation du DSE seront examinés à l’aide de méthodes de convivialité afin de définir les tendances chez les participants. L’accent mis sur le patient sera évalué par les réponses des PS aux questionnaires et à l’examen des enregistrements. Les participants passeront une entrevue de réflexion après la rencontre pour clarifier leur raisonnement clinique sous-jacent. Nous analyserons thématiquement les données qualitatives à l’aide d’une combinaison d’approches conventionnelles, dirigées et sommatives. Cette approche nous permettra de corroborer les thèmes déjà identifiés dans la littérature, et de définir les thèmes émergents propres à notre étude. Les données du questionnaire ainsi que le codage audiovisuel seront analysés à l’aide d’approches quantitatives.
Jusqu’à présent, nous avons demandé du financement à trois sources différentes, dont deux très concurrentielles qui ont malheureusement refusé notre demande. Nous avons toutefois bon espoir quant à la réponse de la troisième source en septembre. En attendant, nous disposons de fonds pour démarrer le projet, et nous devons attendre la stabilisation d’Epic avant de commencer, mais avons très hâte de nous lancer!