Les répercussions de la COVID-19 sur le dépistage et la prévention du cancer

Publié le lundi 19 juillet 2021

Rubans

 

La pandémie de COVID-19 a, depuis mars 2020, de profondes répercussions sur tous les aspects de nos vies, modifiant notamment la façon dont les médecins de première ligne traitent leurs patients. En raison des nombreuses restrictions qui ont été imposées au cours des quinze derniers mois et de la crainte de contracter la COVID-19, de nombreux patients ont omis de consulter leur médecin de famille pour passer des examens de santé. Conséquemment, cela a eu de graves répercussions sur le dépistage du cancer.

Le dépistage du cancer a été complètement interrompu en avril et mai 2020, et le nombre de tests effectués à cette fin a été considérablement réduit pendant une grande partie de 2020 et même de 2021. Les taux de dépistage du cancer du col utérin et du sein ont donc connu une importante diminution par rapport à 2019. Toutefois, la facilité d’administration des tests immunochimiques fécaux (tests TIF) à domicile a permis aux taux de dépistage du cancer du côlon de rester assez constants sur cette même période.

La diminution des taux de dépistage s’est traduite en aval par une diminution du nombre de patients dirigés vers les centres anticancéreux, celle-ci approximant les 20 % de mars à septembre 2020 au pays. Durant la même période, le nombre de patients dirigés vers le plus grand centre de traitement des cancers du sein et du colon de l’Ontario a diminué d’environ 40 %. Aujourd’hui encore, le nombre de personnes dirigées vers le centre de cancérologie de L’Hôpital d’Ottawa pour le cancer du sein est en deçà de 50 %.

La pandémie de COVID-19 a également entraîné d’importants retards dans les étapes permettant le diagnostic de cancers. En mars dernier, avant que la province n’annonce l’ordonnance de rester à la maison, trente-sept pour cent des personnes qui avaient obtenu un résultat de haut grade au test de Papanicolaou attendaient une colposcopie. Il y a un retard de quatre ans pour une coloscopie, et d’importants retards dans les biopsies, l’imagerie et les chirurgies pour le cancer du sein.

Selon la Dre Anna Wilkinson, professeure adjointe au Département de médecine familiale de l’Université d’Ottawa, la conséquence ultime des taux réduits de dépistage et de diagnostic est l’aggravation des cancers. Les cancers seront diagnostiqués à un stade plus avancé et nécessiteront donc des traitements plus complexes, ce qui entraînera une augmentation de l’utilisation des ressources, de la morbidité et de la mortalité. Ces changements toucheront de manière disproportionnée les communautés racisées et mal desservies. Une modélisation a démontré qu’une pause de trois mois dans le dépistage et une réduction du dépistage pendant deux ans entraîneront la perte de 100 000 années de vie. Une réduction pendant 24 mois du dépistage du cancer du sein entraînerait 730 décès supplémentaires chez les personnes qui en sont affectées.

Le message de la Dre Wilkinson aux médecins de famille est le suivant : « le dépistage est offert. Invitez vos patientes à venir passer des tests PAP, encouragez les tests FIT et les mammographies, afin que nous commencions à améliorer les taux de dépistage et à détecter les cancers plus tôt, pendant qu’ils sont plus faciles à traiter et que le taux de survie est meilleur ». Les médecins de famille doivent également faire une utilisation judicieuse des ressources compte tenu des importants retards du système. Par exemple, les médecins de première ligne pourraient économiser des ressources en repoussant à 25 ans le dépistage du cancer du col utérin conformément aux récentes données, et utiliser les tests FIT au lieu de coloscopies pour les patients à risque moyen. Pour obtenir d’autres conseils sur le dépistage du cancer en période de pandémie, vous pouvez consulter le bulletin d’information de juin de Primary Care Cancer Connection, et lire le prochain numéro qui vous sera envoyé par courriel en septembre par l’OMA, lequel contiendra de l’information à jour sur la vaccination contre le cancer associé au virus du papillome humain et les arriérés liés à la COVID-19.

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