L’espace vital: Mise à jour sur l’étude MARROW
L’étude MARROW recueille les échantillons sanguins et d’haleine des astronautes pour améliorer le traitement des patients tout comme celui des voyageurs de l’espace.
Le Dr Guy Trudel n’est jamais allé dans l’espace. Néanmoins, tous les jours, les sujets de son étude mangent, dorment et surtout, respirent dans l’espace.
Le Dr Trudel est le chercheur principal de MARROW, une étude sur cinq ans financée par l’Agence spatiale canadienne (ASC) pour mieux connaître les effets de la microgravité sur la moelle osseuse ainsi que le nombre et la fonction des cellules sanguines qu’elle produit.
Basé à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, le Dr Trudel collabore avec les agences spatiales du monde entier pour examiner ces modifications à bord de la Station spatiale internationale.
« L’étude MARROW représente une importante collaboration internationale réunissant de nombreux pays » indique le Dr Trudel. Depuis 2015, les astronautes contribuent à la réalisation de l’étude dirigée par le Dr Trudel, professeur à la Faculté et médecin spécialisé en médecine physique et en réadaptation, et la Dre Odette Laneuville, professeure à la Faculté des sciences et experte en biologie de la réadaptation.
Le Dr Trudel étudie l’augmentation des cellules adipeuses de la moelle osseuse des astronautes et son influence sur les globules rouges et les globules blancs. Lors de leur séjour dans l’espace, les astronautes sont vulnérables aux pathologies sanguines telles que l’anémie et les infections. Des cellules sanguines saines constituent donc une condition cruciale pour leur sécurité.
Les effets de la microgravité sur les os d’un astronaute se comparent aux symptômes des personnes alitées, inactives ou atteintes d’une immobilité chronique. Une meilleure connaissance de la moelle osseuse permettra également de proposer davantage d’options de réadaptation pour les personnes sur terre.
« Comme les astronautes, très peu de forces s’exercent sur le squelette de ces patients, ce qui provoque une accumulation de cellules adipeuses dans la moelle osseuse », précise le Dr Trudel. « La manière dont un astronaute se remet de la microgravité est similaire à celle d’un patient après plusieurs mois aux soins intensifs. »
L’étude MARROW fait partie des tâches quotidiennes des astronautes à bord de la SSI. Les échantillons d’haleine recueillis, renvoyés sur terre par des engins spatiaux spéciaux, sont expédiés aux laboratoires de l’Université d’Ottawa. Avant le départ de chaque participant pour l’espace et jusqu’à un an après leur retour, on leur fait des prises de sang, mais lors de leur mission dans l’espace, ils prélèvent eux-mêmes les échantillons sanguins.
Cette opération n’est pas une mince affaire lorsqu’on se trouve en apesanteur. Pour l’étude MARROW, on utilise des techniques uniques de prélèvement pour mieux préserver les composants d’échantillons.
« On a mis au point des techniques spéciales pour prendre les mesures dans l’espace » précise le Dr Trudel. « Pour y parvenir, il a fallu un certain nombre d’innovations technologiques. »
Comme il l’explique, « L’étude comprend plusieurs premières. »
« Notre étude est la première à mesurer les modifications de la teneur en gras de la moelle osseuse des astronautes. C’est également la première à mesurer la production de monoxyde de carbone par l’organisme. La première aussi à mesurer directement l’adaptation des globules rouges à la microgravité. »
On se trouve actuellement à mi-chemin de l’étude, puisqu’elle se termine en 2021. Le 6 juin, une délégation de l’ASC doit visiter le centre et elle procédera à un examen à mi-parcours de l’étude MARROW au Laboratoire Ostéoarticulaire de Recherche Appliquée dirigé par le Dr Trudel. Les derniers astronautes à participer retourneront sur Terre en 2020 et les conclusions de l’étude sont attendues pour 2021.
« Nous souhaitons que les résultats puissent avoir une incidence sur les soins de santé sur Terre, tout en préservant la santé des astronautes lors des missions spatiales à l’avenir », explique-t-il. « L’avènement du tourisme spatial, prévu prochainement, viendra enrichir les données. »
Tous ceux qui se préparent à partir pour la planète Mars peuvent maintenant respirer un grand coup.